«Des «observateurs indépendants» auraient rendu un rapport sur les contrôles antidopage effectués pendant le Tour de France, qui conduit aujourd'hui l'AMA à envisager de faire procéder à des contrôles, moins prévisibles et plus agressifs, y compris la nuit.
Les coureurs professionnels français ont appris cette information avec stupeur et dépit, et par le biais de l'UNCP, leur Syndicat professionnel, ils font connaître leur opposition formelle à cette perspective.
Avec tous les moyens mis en ouvre depuis des années, les contrôles anti-dopage ont porté leurs fruits.
Aujourd'hui les instances au plus haut niveau disposent de paramètres et résultats d'analyse qui leur permettent de cibler des sportifs suspects ou sérieusement compromis.
Que ceux-ci soient traqués comme ils le méritent ne serait que légitime, pourvu que ces dispositions nouvelles ne s'appliquent que sur la base de données sérieuses et de doutes avérés.
Mais en aucun cas de façon systématique et aveugle, et surtout pas à l'égard des coureurs qui se comportent de façon honnête.
Faut-il rappeler que les coureurs cyclistes, ardents défenseurs du cyclisme, respectueux de leur public, de leurs Groupes cyclistes et de leurs Sponsors, se sont résolument et volontairement engagés dans une action de longue durée de réforme et d'assainissement de ce sport qui est avant tout leur métier?
Faut-il rappeler que pour mener à bien cette action, qui incontestablement commence à porter ses fruits, les coureurs consacrent une partie de leurs revenus à la lutte anti-dopage?
Faut-il rappeler qu'ils se soumettent spontanément à un suivi médical astreignant, à un passeport biologique, à des contrôles inopinés qui les conduit à se localiser pour contrôle éventuel, 12 mois sur 12, 7 jours sur 7, 24h sur 24h auprès de l'UCI pour être accessibles, à tout instant dans leur vie professionnelle et privée?
Faut-il rappeler que certaines incohérences du système ont conduit des coureurs à subir deux prises de sang dans la même journée! qu'un coureur affirme qu'entre tests sanguins et urinaires il a été contrôlé 70 fois dans l'année! que les contrôles peuvent être effectués n'importe où, n'importe quand de 6h à 22h!
Faut-il rappeler que si le dopage, qui ne sévit pas que dans le vélo, est un fléau, et la lutte anti-dopage est par ailleurs un secteur économique très lucratif?
Faut-il rappeler que d'autres sports s'opposent à ce principe de localisation que d'ailleurs aucun citoyen n'accepterait au motif, vrai, du droit élémentaire au respect de sa vie privée?
Faut-il rappeler que les coureurs sont excédés de passer pour des bandits de grand chemin, atteints de présomption de culpabilité? Qu'ils sont avant tout des hommes et pas seulement des cobayes.
Faut-il le rappeler? Oui sans doute puisque le public qui reste fidèle aux coureurs méconnait encore trop les contraintes qui leur sont imposées.
Oui sans doute puisque des chroniqueurs de la Presse écrite ou parlée se font facilement la part belle en brocardant le vélo dans son ensemble.
Oui sans doute puisque d'autres instances sportives de haut niveau savent mieux que nous trouver des arguments pour la mansuétude face à des «étourderies» commises par leurs athlètes.
D'aucuns commencent à dire que le cyclisme est en avance dans la lutte anti-dopage et qu'un jour on en reconnaitra le mérite. La belle affaire d'être précurseurs si cette longueur d'avance a pour première conséquence le discrédit du vélo que nous aimons!
A quand un organisme neutre international chargé d'appliquer un code mondial antidopage pour que tous les athlètes mondiaux soient égaux devant les contrôles et les sanctions, et qu'ainsi le grand public puisse comparer objectivement la culpabilité des sportifs qui gravitent désormais dans un monde où l'argent est le nerf de la guerre.
Alors non! En réaffirmant notre accord pour la politique anti-dopage, nous vous demandons aussi de nous laisser un peu la paix ne serait-ce que la nuit pour dormir!
Il y a une limite à tout, surtout à l'indécence, et à force de gravir les échelons de l'inacceptable il arrive que l'on atteigne le dernier barreau.
C'est fait.
Si l'AMA devait persévérer dans cette intention de contrôles inopinés de nuit elle se heurterait à la résistance des coureurs.
Ils savent se battre sur les routes de montagne. Sur d'autres terrains aussi.
Pascal CHANTEUR
Président de l'UNCP