DOPAGE - Face aux nouvelles méthodes de dopage, l'AFLD fait jouer ses réseaux...
Huit cas d’infractions constatés chez les sportifs professionnels lors des
contrôles en 2009. La moisson est maigre pour l’Agence française de lutte antidopage. Mais loin de croire que les dopés ont disparu, l’AFLD tente encore et toujours de s’adapter aux nouvelles pratiques. «A Besançon,
sur le Tour de l’Avenir 2009, la gendarmerie a mis la main sur des kits de dopage, explique Pierre Bordry. La nouveauté est que ces kits étaient associés à un protocole particulier pour éviter un contrôle positif», explique Pierre Bordry.
Le professeur Michel Rieu, consultant scientifique de l’Agence, détaille: «Par un système de cures hors compétition et de micro-doses prises juste avant les épreuves, les produits dopants ne sont pas toujours détectables. De plus, il est possible de mélanger les substances afin que chacune se retrouve en très faible dose dans le corps, tout en conservant un effet combiné puissant.» Des techniques de pointe qui font dire au physiologiste que «ceux qui les mettent au point jouent dans la même court scientifique que nous».
La gendarmerie et Interpol
Une chose est sûre, ce ne sont pas des jeunes de 20 ans qui ont mis au point ces méthodes. «Il y a derrière des réseaux extrêmement puissants qui relèvent de la grande criminalité», assure Michel Rieu. Et ceux-ci «vont bien au-delà de l’affaire de Besançon. C'est quelque chose de plus vaste qui s'est perfectionné par rapport au passé parce que les enjeux financiers sont importants», s’inquiète Pierre Bordry. C’est pour lutter contre ces «réseaux» que l’AFLD a signé une «convention d’échange d’informations» avec la gendarmerie.
Cette collaboration permettra notamment d’améliorer le ciblage des contrôles. «Il ne faut pas stigmatiser l’ensemble des coureurs, insiste Pierre Bordry. En recoupant les informations, on peut en contrôler certains en priorité avec une plus grande efficacité.» Et s’ils ne sont pas sur le territoire français, l’AFLD peut toujours faire appel à ses réseaux. «Nous avons de bons contacts avec les agences de lutte anti-dopage des autres pays, poursuit Bordry. Récemment, l’Agence mondiale antidopage s’est aussi rapprochée des services d’Interpol.» Après la traque des molécules, la lutte antidopage part donc à la chasse aux gangsters.
Matthieu Payen